vendredi 14 juin 2019

L’Algérie ou les limites de la démocratie de façade




(Cet article est destiné à des étudiants en sciences sociales, en particulier sciences politiques et économie. Il a été écrit en vue d'un ouvrage collectif sur le monde arabe à paraître en anglais).
 
La contestation populaire qui a commencé le 22 Février 2019 en Algérie a surpris beaucoup d’observateurs de la région nord-africaine. De grandes manifestations rassemblant des centaines de milliers de personnes ont eu lieu sur tout le territoire national pour s’opposer au 5è mandat du président Abdelaziz Bouteflika malade depuis 2013. Au fil des semaines, la protestation s’est radicalisée en demandant un changement de système. Pour comprendre ce mouvement populaire sans précédent, il faut rappeler que le régime a suscité de l’hostilité de la population pour son incapacité à sortir l’économie de la logique rentière et son obstination à frauder les élections. Les contradictions de l’économie rentière et le refus d’une participation politique réelle ont créé les conditions de la rupture entre le régime et a population.
  
I.                   Emeutes et économie rentière     
L’Algérie n’a pas été touchée par « le printemps arabe » de 2011 parce qu’elle sortait d’une décennie sanglante qui a provoqué la mort de 200 000 personnes. Durant cette période (1992-2002), les autorités avaient interdit toute manifestation ou protestation dans la capitale[1]. Après l’accord de paix signé entre l’armée et les islamistes, la protestation pour l’amélioration du pouvoir d’achat était devenue publique à travers des grèves et des manifestations. Le gouvernement a pu y faire face grâce à la hausse du prix du baril de pétrole. Il a en effet augmenté les salaires, ce qui a satisfait une partie de la population. Il faut rappeler que le prix du baril de pétrole a été de $20 en 1998 et qu’il avait atteint la barre de $140 en 2008, ce qui a permis de mener une politique économique et sociale généreuse, principalement en matière de salaires des fonctionnaires et de construction de logements.

Evolution du prix du baril de pétrole entre 1998 et 2014 en dollars US
1998       2001      2004      2008      2014
15.93      28.32    43.42     92.31     96.29
 Selon l’expert financier Ferhat Aï Ali, interrogé par le journal El Watan du 31 janvier 2016, « entre 2000 et 2014, les recettes des exportations ont été de 727, 9 milliards dollars US, dont seulement 14 milliards hors hydrocarbures, avec un solde positif de la balance commerciale de 271,5 milliards ». Les années 2000-2014 ont permis à l’Etat non seulement de se débarrasser de la dette extérieure, mais aussi de constituer une réserve financière de près de 200 milliards de dollars. 
Evolution de la dette extérieure entre 2000 et 2011 en milliards de dollars US
2000        2003        2006       2009     2011
30            21,6         19.45      2.7         4.14

La population, avec toutes ses composantes aisées et moins aisées, a bénéficié de l’embellie financière de l’Etat qui a créé de nombreuses opportunités de revenus et d’emplois à la faveur d’investissements dans le bâtiment et dans la construction d’infrastructure d’envergure (autoroute Est-Ouest, tramways dans les centres urbains, barrages…). Pour résoudre l’épineuse crise du logement, le gouvernement s’était fixé comme objectif d’éradiquer les bidonvilles qui s’étaient développés aux abords des grandes villes, constituant des espaces de mécontentement social que les autorités avaient du mal à contenir. En construisant des centaines de milliers de logements où les populations de ces bidonvilles ont été transférées, les autorités ont desserré la pression exercée par l’habitat précaire et la menace qu’il présentait sur la paix civile[2]. 
Le gouvernement a par ailleurs autorisé les banques à octroyer des crédits destinés à l’achat de biens immobiliers et mobiliers, ce qui a gonflé la circulation de la masse monétaire qui donne accès aux biens de consommation souvent importés. L’économie était tirée par une demande très forte elle-même alimentée par la rente qui servait de moyen d’échange entre une demande nationale en expansion et le marché international. Avec un prix de baril de pétrole oscillant entre 80 et 100 dollars, l’activité économique semblait florissante, offrant quelques avantages même aux plus démunis qui ont profité de la distribution des logements et de subventions des produits à large consommation. Les effets induits de ces dépenses publiques ont irrigué une répartition, certes inégalitaire, qui a aussi bénéficié au plus grand nombre d’une manière ou d’une autre. Le secteur des services a été celui qui a créé le plus d’emplois, le plus souvent dans l’informel, ce qui soulageait la pression du chômage.
Algeria GDP and Economic Data

International Reserves
USD 144.9 billion (2015), 80 billion (2019)
Gross Domestic Product - GDP : USD 178.4 billion (2017, estimate)

Real GDP growth
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
1.7%
3.4%
2.4%
1.6%
3.6%
2.8%
3.3%
2013
2014
2015
2016*
2017*


2.8%
3.8%
3.9%
3.6%
2.9%


*Estimate
GDP per capita - current prices : USD 4,295.7 (2017, estimate)  

GDP - composition by sector
  • agriculture: 13.1% 
  • industry: 38.7% 
  • services: 48.2%
Inflation
2013
        2014
        2015
      2016*
     2017*
 3.3%
        2.9%
        4.8%
       5.9%
      4.8%
*Estimate  
Unemployment rate
2013
   2014
   2015
    2016*
   2017*
9.8%
   10.6%
   11.2%
    9.9%
   10.4%
*Estimate
Public debt (General government gross debt as a % of GDP)
2013
      2014
     2015
      2016*
        2017*
7.7%
      8%
     9.1%
       13%
        17.1%
*Estimate
Sources:
Central Bank of Algeria and IMF World Economic Outlook 2016

Le gouvernement avait mis en place un dispositif appelé l’ANSEJ (Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes) qui a distribué des crédits bancaires à des centaines de milliers de jeunes sans-emploi leur permettant de créer leurs propres activités : transport public, sociétés de construction, services divers…[3] Le début des années 2000, jusqu’à 2014, a été une période d’euphorie financière durant laquelle les couches moyennes ont rattrapé une partie de la perte de leur pouvoir d’achat subie les années précédentes. Elle a été aussi la période d’émergence de fortunes privées colossales alimentées par les circuits de l’importation de produits divers, la frénésie du marché immobilier, le trafic des biens fonciers urbains cédés à la clientèle du régime, la corruption à grande échelle (affaires Chakib Khelil, Sonatrach I et II, autoroute Est-Ouest…).    
Cette répartition de la rente a correspondu à des capacités financières de l’Etat qui ont commencé à baisser dès 2014 avec le retournement du marché international des hydrocarbures. En effet, entre 2014 et 2017, les prix du baril avaient diminué de moitié, ce qui a mis le budget de l’Etat dans un déficit comblé d’année en année par la réserve financière qui a, en trois ans, fondu de 60 milliards selon les autorités officielles[4].
Evolution du prix du baril de pétrole entre 2014 et 2017 en dollars US
               2014         2015         2016        2017        2018     2019
               96.29        49.49        40.68       51.85     69,52       62,08

Après avoir espéré une reprise du prix du baril de pétrole sur le marché international, le gouvernement a dû se résoudre à trouver des ressources financières dans l’économie nationale en levant des impôts directs et indirects, notamment le taux de la TVA, sur tous les produits, à l’exception de ceux dont le prix est subventionné[5]. Ce faisant, il a rompu l’équilibre de la répartition qui lui avait assuré une paix sociale durant une décennie. La politique économique menée durant les années 2000-2014 n’est possible que si le prix du baril de pétrole oscille entre $80 et $100. Autrement, les flux qui irriguent la répartition se dessèchent et le système entre en crise. Les émeutes sont en rapport avec cette structure rentière de l’économie dans laquelle la répartition et le système de prix ont une influence immédiate sur l’ordre public. Les émeutes récurrentes révèlent une donnée structurelle et illustrent la fragilité politique du système socio-économique algérien bâti sur la profusion d’une rente externe. Le gouvernement est pris en tenaille par deux contraintes, liées entre elles, qu’il ne maîtrise pas : le prix du baril de pétrole sur le marché international et la pression de la rue.
Le premier ministre Abdelmalek Sellal a fait adopter en décembre 2016 par l’Assemblée Nationale de nouvelles taxes pour équilibrer le budget de l’Etat, provoquant un mécontentement social qui s’est exprimé par plusieurs protestations violentes dans de nombreuses régions du pays. En juin 2017, il a été remplacé par Abdelmajid Tebboune qui avait promis d’alléger les taxes et d’augmenter les droits de douanes sur les produits importés. Les importateurs ont mobilisé leurs réseaux et ont réussi à obtenir son limogeage trois mois après ses prises de fonction come premier ministre. Il sera remplacé par Ahmed Ouyahya qui avait déjà été premier ministre et qui a proposé de régler le problème du déficit du budget de l’Etat par le recours à la planche à billets. Cette solution aura à terme comme conséquences de renforcer l’inflation et de faire baisser la parité du dinar. En effet, la création monétaire sans contrepartie économique fait baisser automatiquement la parité du dinar. La planche à billets a constamment été une arme des gouvernements successifs pour équilibrer le budget de l’Etat au détriment du pouvoir d’achat des consommateurs. Selon des chiffres officiels, l’inflation a été entre 2013 et 2017 de 21, 7%.
Evolution de la parité du dinar par rapport au dollar US entre 1995 et 2017
1995   2000    2005   2010    2013       2014      2015      2016       2017   2018        2019     
8.96   47.66   75.26   77.28   101.36    102.28   107.46    116.43   109.4   115.2     119.30

Cette évolution de la parité du dinar signifie qu’il faudra multiplier par 14 le salaire de 2017 pour qu’il retrouve son pouvoir d’achat de 1995. Il y a eu certes des augmentations de salaire entre les deux dates, mais pas dans la proportion indiquée. La priorité du gouvernement est juste de desserrer les contraintes de la conjoncture, apportant des réponses partielles dans le court terme pour parer au plus urgent. Prenons le cas des nombreuses émeutes de janvier 2017. Elles font suite à la loi de finances adoptée par l’APN, augmentant de deux points le taux de la TVA sur les biens et les services, à l’exception des produits importés à large consommation (céréales, café, sucre…). L’augmentation de la TVA n’a pas été décidée dans le cadre d’un projet global de développement économique sur une période de cinq ou dix ans en vue de renforcer les potentialités du marché national en termes d’offre. Elle a juste été un paramètre de la répartition permettant de lever des ressources financières pour soulager le déficit du budget de l’Etat. La priorité était de parer à une urgence, la baisse des prix des hydrocarbures, avec la crainte que celle-ci ne s’installe dans la durée. C’est dans cette problématique qu’a été décidée la dernière augmentation de la TVA par le gouvernement de Sellal sans que soit posée la question de ses effets sur la compétitivité de la production locale, ni sur son rapport avec le pouvoir d’achat du salaire de base. La priorité était juste de résorber le déficit budgétaire de l’Etat dans une perspective supposée technique ou économiquement neutre de comptabilité publique. Il suffirait de changer quelques variables pour ajuster le budget de l’Etat aux recettes provenant des exportations d’hydrocarbures. Bien sûr, une précaution avait été prise en décidant que les produits subventionnés à large consommation (céréales, sucre, café…) ne soient pas concernés par la hausse de la TVA. Le gouvernement a cru se prémunir ainsi contre la protestation des couches les plus pauvres. Cependant, il a sous-estimé que même les plus pauvres achètent des vêtements, prennent le bus, paient l’électricité, etc. Ces mêmes couches pauvres sont insérées dans un système complexe de prix, même si elles sont exclues de la consommation des biens de luxe. Une taxe quelconque imposée à un commerçant sera automatiquement répercutée sur les consommateurs et aura un effet papillon sur tout le système de prix. Toute augmentation touche forcément la structure des prix du fait que ces derniers sont liés par une logique de système qui opère des transferts de valeur pour trouver l’équilibre imposé par le marché. Taxer l’achat d’une voiture de luxe augmentera, d’une manière ou d’une autre, le prix de la bouteille d’eau de javel, qui n’est pas un produit de luxe, qu’achète la ménagère pour nettoyer son appartement. Par conséquent, si l’on voulait protéger les revenus les plus faibles d’une augmentation de la TVA, il aurait fallu qu’elle soit accompagnée d’une augmentation du salaire de base au moins dans la même proportion. Mais ni l’Etat employeur, ni les employeurs privés n’acceptent une telle solution qui alourdirait leurs charges salariales.
Dépendant depuis longtemps de la rente énergétique, le gouvernement n’arrive pas à envisager une alternative où la rente serait remplacée par une création interne de richesses. La politique du gouvernement s’est toujours focalisée sur la demande au lieu de s’occuper de l’offre de production susceptible de créer des richesses nouvelles et de se substituer aux importations. Le gouvernement s’enferme alors dans un jeu à somme nulle en espérant trouver la formule optimale des paramètres de la répartition. Tantôt il change le taux d’imposition (Sellal, Tebboune), tantôt il modifie la parité de la monnaie pour obtenir plus de dinars contre la même quantité de dollars (Ouyahya). Dans les deux cas, il finance ses besoins en liquidités par la diminution du pouvoir d’achat des consommateurs. A ce jeu, il s’expose à des émeutes de la rue qui indiquent qu’un point d’équilibre a été rompu. Mais si le nouveau point d’équilibre voulu par le gouvernement était négocié avec les représentants des différents groupes socio-professionnels (travailleurs, chômeurs, entrepreneurs, commerçants…), les émeutes pourraient être évitées. Or le gouvernement préfère ne pas négocier avec des représentants qu’il ne contrôle pas et dont il ne reconnaît pas la légitimité à parler au nom des différents groupes sociaux. C’est ici que s’articule le système économique avec la nature autoritaire du régime qui n’a pas changé malgré les réformes politiques qui avaient légalisé le multipartisme.
 
II.                Refus de reconnaître les représentants des différents groupes sociaux
Les émeutes récurrentes antérieures au 22 février 2019 indiquent que le pays n’a pas apporté une réponse institutionnelle et définitive à la protestation violente comme mode d’expression des demandes sociales portées par et dans la rue. Le pays a toujours été secoué par des protestations locales, touchant un village, une ville, parfois une région, en rapport avec l’arbitraire des services de sécurité, la crise de logements, de coupure d’électricité, de pénurie d’eau ou encore de bavures policières. En 2001, la Kabylie a connu pendant des mois des protestations violentes à la suite de l’assassinat d’un jeune étudiant dans les locaux de la gendarmerie. La ville de Béchar est souvent secouée par des émeutes en été où il fait 40° C, suite à des coupures d’électricité privant les habitants de réfrigérateurs et de ventilateurs. D’autres villes du sud ont connu régulièrement des manifestations violentes contre la politique de l’emploi qui défavorise les jeunes de la région. Les statistiques des services de sécurité recensent plusieurs centaines de manifestations violentes par semaine dans tout le territoire national. Si nous ajoutons les manifestations, souvent non autorisées, des syndicats d’enseignants, de médecins, de postiers, de chauffeurs de taxis, de boulangers, et de nombreuses autres professions, nous constaterons que l’Algérie est un pays où la protestation violente ou pacifique est permanente[6]. Elle est liée à la structure rentière de l’économie et à l’incapacité du régime à dialoguer avec les représentants de la population.  
La vocation de l’Etat n’est pas d’assurer l’ordre public uniquement par la répression ; elle consiste surtout à apporter des réponses à des sentiments d’exclusion qui sont des menaces à l’ordre public. Même si l’Etat n’a pas les moyens de résorber dans le court terme la misère des plus démunis, il est important pour lui que ceux qui se plaignent de leur situation sociale aient le sentiment d’être écoutés et ne pas être méprisés ou ignorés. L’Etat a besoin de la confiance de ceux qu’il dirige, confiance en rapport avec le sentiment que les citoyens sont représentés dans les institutions. Lorsque les électeurs se rappellent que ce sont les représentants qu’ils élisent qui font les lois, ils auront tendance à les accepter, même si ces lois leur sont défavorables, se promettant qu’ils ne voteront pas pour ces mêmes représentants lors du prochain scrutin. C’est ce qui permet, dans les pays démocratiques, la paix civile, fondée sur le concept de participation politique aux institutions dans lesquelles sont exprimées les doléances des uns et des autres. La fonction du multipartisme est de servir de corps intermédiaire pour permettre à l’Etat de rester en contact avec les différents groupes sociaux. Le multipartisme, issu de la réforme constitutionnelle de Février 1989, devait intégrer dans le champ de l’Etat les différentes composantes de la société pour un fonctionnement pacifique de la vie politique. Les dirigeants avaient en effet pris conscience, lors des émeutes d’Octobre 1988, que le modèle du parti unique des années 1960 et 1970 avait atteint ses limites et qu’il fallait ouvrir le champ politique.
De ce point de vue, Octobre 1988 a été l’événement politique le plus important de l’histoire de l’Algérie postindépendance en ce qu’il a mis fin à un modèle qui avait échoué à établir la confiance des administrés. Il a été décidé de procéder à des changements politiques pour laisser s’exprimer les différents groupes sociaux et les diverses sensibilités idéologiques de la société. Un grand nombre de partis a vu le jour dont les activités étaient rapportées par une presse à l’expression libre. Le pays a vécu entre 1989 et 1992 une expérience de vie politique libre comme il n’en avait jamais connue, marquée par des débats contradictoires où se sont affrontés publiquement des projets de société à la recherche d’électeurs pour les approuver et les soutenir. L’annulation des élections en janvier 1992 n’a pas remis en cause multipartisme formel. À l’exception du FIS qui a été dissout, les autres partis ont continué d’exister et ont participé à plusieurs scrutins. Mais après 25 ans et plusieurs scrutins, il n’y a pas eu d’alternance et le même régime issu de l’indépendance en 1962 est en place. Force est de constater que la transition démocratique a échoué. Il n’y a pas eu de renouvellement de la classe dirigeante, ni d’intégration effective des populations au champ de l’Etat. La question est de savoir pourquoi la transition de l’autoritarisme vers la démocratie a échoué, alors que formellement le système du parti unique avait été abandonné et que des élections pluralistes sont organisées régulièrement.
Une analyse appropriée de la vie politique et du fonctionnement des rapports d’autorité pourra fournir l’explication de cet échec en constatant que le régime a absorbé le « multipartisme » et l’a soumis à sa propre logique. Les décisions politiques les plus importantes ne sont pas prises dans les instances élues et il s’avère que ces dernières ne sont qu’un habillage institutionnel d’une structure politique opaque qui indique que le système repose sur la légitimité historique incarnée par l’armée et non sur la souveraineté du corps électoral. La stratégie du régime recourant au trucage des élections, à la manipulation des partis et leur infiltration, etc., a pour finalité de neutraliser les partis de l’opposition de manière à les intégrer dans un jeu institutionnel formel et stérile tout en leur barrant la route vers le pouvoir d’Etat. Mais cette stratégie a coupé les institutions de la population ; elle a mené vers le soulèvement populaire à l’occasion de la déclaration de candidature de Bouteflika de se porter candidat pour un 5è mandat.   
A y regarder de près, le régime interdit, par la loi, par la ruse et aussi par la violence d’Etat, l’activité politique, si on entend par celle-ci le processus institutionnel par lequel le pouvoir exécutif est critiqué et contrôlé. Dans ces conditions, les partis de l’opposition participative perdent de leur crédibilité et n’auront pas la capacité d’être des corps intermédiaires entre les institutions de l’Etat et la population. S’il est accordé aux partis une relative liberté d’expression, avec une ligne rouge à ne pas dépasser (notamment le rôle de l’armée en tant que source du pouvoir et épine dorsale du régime), il est par contre interdit aux différents groupes sociaux d’avoir leurs propres représentants véhiculant les doléances des travailleurs, des chômeurs, des commerçants, etc. Le régime n’accepte pas avoir à négocier avec des acteurs politiques qu’il ne contrôle pas.
De ce point de vue, il est révélateur que des partis ont été légalisés alors que les syndicats autonomes demeurent interdits. La raison est qu’il est plus facile de manipuler et de corrompre des dirigeants de partis que des syndicalistes qui doivent, pour être crédibles, être attachés quotidiennement aux revendications concrètes de leurs bases. Il n’y aura pas de canaux légaux d’expression des doléances des travailleurs, des chômeurs, des commerçants, des entrepreneurs…, ce qui alimente des frustrations débouchant sur les émeutes à l’occasion de décisions du gouvernement jugées injustes. C’est ainsi que la protestation violente, locale ou nationale, malgré le multipartisme et la relative liberté de la presse, fait partie du système politique et indique les points de rupture entre le gouvernement et la population, principalement sur la question sociale qui devient explosive dès lors que les prix du baril de pétrole baissent sur le marché international.
La conflictualité se déplace vers le terrain social avec pour enjeux cruciaux le pouvoir d’achat, le chômage, le logement, les retraites, etc. que le gouvernement traite de façon bureaucratique et sans représentants légitimes des groupes sociaux concernés, entraînant une confrontation directe et violente avec des acteurs anonymes et sans revendications politiques. Dans cette situation, le gouvernement a recours à la répression pour étouffer le réflexe émeutier. Pour assurer sa survie, il compte sur la répartition de la rente quand le prix du pétrole le permet, et quand il ne le permet pas, il utilise la répression pour assurer la paix civile. Dans ce contexte où le régime refuse à la population d’avoir des représentants légitimes, les partis de l’administration et ceux de l’opposition participative sont impuissants à peser sur le cours des événements.
Ainsi, la réforme constitutionnelle de février 1989, légalisant le multipartisme, ne visait pas à instaurer l’alternance électorale, mais simplement à mettre en place une démocratie de façade dans laquelle les partis de l’opposition n’auront aucune chance de diriger l’Etat. Il s’agissait juste de crédibiliser politiquement les élus des partis de l’administration (FLN et RND) qui se prévaudront désormais d’une légitimité électorale acquise contre des partis d’opposition à qui la population n’aura pas accordé sa confiance. Le multipartisme a renforcé le régime au lieu de favoriser l’alternance électorale. En effet, le trucage des élections donne à l’administration gouvernementale la légitimité électorale qu’elle n’avait pas avec le système du parti unique. Désormais, le système fonctionne avec deux légitimités : celle électorale sur laquelle insiste le discours officiel, et celle historique détenue par l’armée. L’une est formelle et sert de moyen de cooptation d’élus dociles, et l’autre est réelle et est détenue et exercée par un cercle restreint d’officiers supérieurs. La prérogative de ces derniers comprend la désignation du candidat à la fonction présidentielle que l’administration fera élire, la détermination des quotas d’lus à donner aux différents partis dans les assemblées, et enfin la répartition générale de la rente énergétique entre les différents ministères. Les militaires fixent un cadre général de l’action gouvernementale, laissant une marge de manœuvre aux négociations et aux compromis entre les différents groupements d’intérêts idéologiques et économiques. Les trois éléments de ce système sont la présidence, l’armée et les deux partis de l’administration (FLN et RND) qui ont toujours la majorité parlementaire à l’Assemblée Nationale. Par un canal non institutionnel, le commandement militaire envoie les instructions à la présidence qui traduit ces instructions en décisions présidentielles que les ministres doivent mettre en œuvre et que le FLN et le RND transforment en lois votées à l’Assemblée Nationale. Le schéma institutionnel présente l’allure d’un régime où les députés de la majorité parlementaire votent des lois, mais la réalité est que l’autorité souveraine appartient à l’armée et non au corps électoral.
L’opposition participe à ce jeu institutionnel en le crédibilisant. A l’Assemblée, il y a des députés minoritaires qui votent contre les lois proposées par la majorité. Mais ces députés sont une opposition stérile qui n’accèdera jamais au pouvoir et ne veulent pas accéder au pouvoir. Ils sont intéressés par les privilèges de la fonction de député, acceptant la règle écrite du système : l’armée est la source du pouvoir à la place de l’électorat. A la veille d’élections, la presse rapporte que beaucoup d’individus paient des sommes importantes pour figurer sur des listes à des positions éligibles[7]. La position d’élus leur permettra d’accéder aux circuits semi-officiels de corruption. De toute façon, les partis de l’opposition participative, présents principalement dans les grades villes et absents dans le reste du pays, sont politiquement faibles et ne peuvent pas imposer à l’administration la neutralité lors de scrutins nationaux et locaux.
Sans neutralité politique de l’administration et sans indépendance de la justice, le multipartisme perd de sa pertinence. Il est évident qu’en cas de bourrage des urnes, aucun juge ne pourra statuer en faveur d’un parti d’opposition contre la volonté du ministère de la justice qui applique les instructions provenant de la présidence. La subordination de l’administration et de la justice indique que le régime n’a aucune volonté d’orienter le pays vers des perspectives d’alternance électorale et révèle que sa structure est incompatible avec des partis autonomes qui ne s’inscrivent pas dans sa préoccupation de légitimation. Le régime attend des partis de l’opposition qu’ils participent aux institutions de l’Etat, et même de critiquer les orientations du gouvernement, sans espérer accéder au pouvoir par les élections. Pour les militaires, l’opposition n’a pas vocation à créer un nouveau régime ou se réclamer d’une quelconque légitimité électorale puisque le régime a sa propre légitimité, celle dite historique incarnée par l’armée. Tant que le régime dispose encore de ressources pour s’imposer face à des adversaires plus faibles que lui, la transition ne débouchera pas sur l’alternance électorale.

III.             La démocratie de façade à l’épreuve des forces de l’argent
Le modèle de démocratie de façade a atteint ses limites durant le dernier mandat de Bouteflika (2014-2019). La corruption s’était généralisée, le pouvoir d’achat de la monnaie s’était dégradé et les fortunes privées étaient apparues en peu de temps. C’est ce qui explique la révolte du 22 février qui a fait effondrer la façade civile du régime. Sous la pression populaire, l’armée a demandé à Bouteflika de démissionner ; il a été remplacé par le président du Sénat Abdelkader Bensalah pour une période de trois mois. Les manifestations ont cependant continué, refusant que les élections soient organisées par le même personnel politique qui a servi sous le règne de Bouteflika. Le mouvement populaire demande une période de transition comme celle qu’avait connue la Tunisie après la chute de Benali. Ce qui s’est passé en Algérie, c’est un changement dans les rapports entre l’Etat et la société qui exige que les institutions élues soient représentatives des groupes sociaux.
La question qui se pose, au regard de la science politique, est de savoir pourquoi la « révolution démocratique » est menée par les classes moyennes avec le soutien des ouches populaires, et non pas par la bourgeoisie d’affaires qui ne sent pas concernée. Selon les canons de la science politique européenne, le libéralisme économique que défend la bourgeoisie mène au libéralisme politique et à l’Etat de droit. Alors pourquoi « la bourgeoisie algérienne » soutient le régime autoritaire et pas le mouvement démocratique ? La presse en Algérie évoquait souvent le pouvoir de l’argent qui aurait contrebalancé le pouvoir des militaires, insinuant que les militaires sont désormais sous les ordres des hommes d’affaires. Des noms d’hommes d’affaires influents étaient cités pour avoir une supposée influence dans la prise de décision politique, comme si l’appareil d’Etat était au service de la nouvelle bourgeoisie d’affaires. La presse a rapporté un incident qui s’était produit lors d’un forum économique algéro-africain où le représentant du patronat, Ali Haddad, avait pris la parole avant le premier ministre Abdelmalek Sellal qui était censé ouvrir les travaux[8]. Dans leurs commentaires, les journalistes ont souligné l’importance prise par les hommes d’affaires au point où ils relèguent au second plan un chef de gouvernement. Propriétaire d’une entreprise de construction, Ali Haddad est le représentant flamboyant d’un groupe d’affaires qui a émergé suite aux réformes économiques libérales initiées depuis la fin du monopole d’Etat sur le commerce extérieur. Celles-ci ont favorisé la constitution de fortunes privées colossales dans le bâtiment et surtout dans les activités spéculatives liées au commerce de l’import.
Des hommes d’affaires, connus sur la place publique, ont contribué financièrement aux campagnes électorales, faisant une intrusion dans le champ politique pour soutenir les candidats des partis de l’administration. Pour eux, c’est un investissement rentable qui leur ouvrira les portes hermétiques de l’administration pour obtenir les autorisations nécessaires à leurs activités. Encore faut-il accéder à ce club de riches dont les activités ont besoin de soutien au plus haut niveau de l’Etat pour vaincre l’hostilité d’une administration habituée à dire non à toute initiative. Le caractère néo-patrimonial de l’Etat restreint en effet l’accès aux circuits de formation des fortunes privées. Pour s’y intégrer, il faut soit prêter allégeance à un groupe dirigeant influent, soit être lié à un des membres de ce groupe par des liens de parenté. La captation d’une partie de la rente dépend ainsi d’une protection clientéliste sans laquelle les services de l’Etat (impôts, douane, préfecture…) seraient des obstacles infranchissables pour importer des biens de l’étranger ou acquérir un marché de construction publique. Il y a eu en effet privatisation de certains secteurs économiques mais pas ouverture économique. Comme en politique, il y a un filtre qui sélectionne les candidats aux appels d’offres des marchés publics, aux autorisations douanières pour importer des biens à commercialiser, et aussi à l’accès au crédit offert par les banques d’Etat. Se reproduisant sur le mode spéculatif, les récentes fortunes monétaires correspondent à la nature rentière de l’économie algérienne qui dépend à 98% de l’exportation des hydrocarbures. Ces fortunes ne sont pas par ailleurs l’expression d’une création de richesses nouvelles ; elles sont issues d’une répartition de la rente, obéissant à la logique politique du régime hostile à tout pouvoir économique autonome. La contribution du secteur privé aux exportations est très faible. L’accumulation des capitaux est liée à l’exportation et non aux exportations, avec l’exception notable de l’entreprise Cevital.
La proximité avec le personnel de l’Etat signifie que les hommes d’affaires ne peuvent prospérer qu’avec le régime auquel ils sont fidèles de par la nature de leurs activités. Leur émancipation politique est impensable car elle serait contraire à leurs intérêts, surtout que souvent, ils sont associés à un fils ou à un beau-frère de général. Ainsi, ils ne peuvent s’émanciper du régime au point de vouloir des réformes démocratiques. C’est ce qui explique qu’ils ne s’impliquent pas avec les partis d’opposition et surtout ne formulent pas de revendications politiques relatives à la démocratie. Quand ils contribuent à des financements de campagnes électorales, c’est toujours en faveur des deux partis de l’administration, le FLN et le RND. Dépendant des ressources de l’Etat, ils ont conscience de leur fragilité politique qui les conduit à opter pour des attitudes opportunistes. Par la même occasion, ces hommes d’affaires n’ont pas un poids politique important. Dès le début des protestations, de nombreux hommes d’affaires ont été arrêts sous le motif d’inculpation de corruption. Le régime voulait montrer à la population qu’il prenait des mesures contre la corruption en sacrifiant des hommes d’affaires qu’il a enrichis.
L’expérience algérienne apporte un éclairage sur les rapports entre politique et économie dans les régimes néo-patrimoniaux où l’économie est une ressource politique qui permet au régime de se maintenir. La règle implicite du régime est qu’aucune organisation issue de la société civile (patronat ou syndicat) ne doit avoir suffisamment de force pour discuter d’égal à égal avec le pouvoir exécutif. Entre un capital commercial spéculatif et un capital ancré dans la production, le régime néo-patrimonial préfère le premier pour ne pas avoir à négocier avec des groupes sociaux dont la richesse ne dépend pas de l’Etat. Car un capital productif de richesses exigera à terme une justice autonome, la concurrence des marchandises, une parité de la monnaie fixée par un Institut d’émission indépendant, etc. Le régime néo-patrimonial craint en effet une production nationale qui, à terme, renforcerait politiquement des entrepreneurs revendicatifs. Il serait plus difficile de soumettre politiquement un patron qui participe au PIB par l’exportation, qui emploie des centaines de travailleurs et qui contribue au budget de l’Etat par les impôts. Les réformes économiques décidées à la suite de la suppression du système de parti unique (1989) ne visaient pas à créer un secteur privé productif. Elles se sont limitées au commerce et les services, ce qui a encouragé l’importation au détriment de la production nationale[9]. De nombreuses PME n’ont pas pu résister à la concurrence des produits en provenance de Turquie, de Chine, du Vietnam… Les artisans et petits entrepreneurs, produisant des vêtements, des chaussures et autres biens de consommation divers, ont dû fermer et se sont convertis dans le commerce, voire l’activité informelle où le taux de profit est de loin supérieur.
Les différentes composantes du secteur privé faisaient entendre leurs voix dans l’organisation patronale, le Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), exprimant des divergences dans les revendications adressées au gouvernement. Le FCE a été le cadre d’une lutte sévère pour son contrôle entre, d’un côté, les importateurs et les entrepreneurs de bâtiments et, de l’autre, les patrons d’entreprises de fabrication. Les importateurs sont contre les taxes douanières et poussent à la signature d’un accord avec l’OMC, tandis que les PME et le capital productif sont favorables à une politique protectionniste. Dans les conditions actuelles, ce sont les premiers qui ont l’oreille du gouvernement. Les menaces proférées par le ministre de l’industrie contre Issad Rabrab, le patron de Cevital, premier exportateur en Algérie après Sonatrach, indiquent clairement que le gouvernement est plus à l’aise avec les spéculateurs qu’avec des entreprises privées qui emploient des milliers de personnes[10]. Le bras de fer entre Issad Rebrab et le ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, (cité dans les Panama Papers pour avoir un compte offshore) est l'illustration d'une opposition entre un groupe de pression qui amasse les richesses sur la base d'activités spéculatives et de transfert de la rente et un groupe d'entrepreneurs qui considèrent que la rente énergétique doit profiter au capitalisme national et non au capitalisme international.
Certes, le régime est partagé entre les deux lignes en présence, mais il a soutenu les importateurs. Le discours officiel change en fonction du niveau des prix mondiaux des hydrocarbures. Lorsque ces prix sont à la hausse, le rapport de force est en faveur des importateurs, et lorsqu’il est à la baisse, le discours met l’accent sur la production nationale invitée à se substituer aux produits importés. Mais ce ne sont là que des déclarations de circonstances car rien ne montre qu’elles sont suivies d’effet sur le terrain. La presse souligne quotidiennement ce décalage entre le discours et les actes à l’instar du journal El Watan qui écrit dans son édition du 18 janvier 2017 : «… le gouvernement a dépensé, en 15 ans, plus de 800 milliards de dollars sans pour autant arriver à diversifier l’économie algérienne qui demeure dangereusement dépendante de l’exportation des hydrocarbures ».
La protestation massive qui a éclaté en Février 2019 est l’expression d’une crise de croissance de l’Etat né après l’indépendance en 1962. Après avoir construit un pouvoir central et garanti l’unité nationale, l’armée est sous le feu de la critique des générations nées après l’indépendance qui aspirent à un Etat de droit. L’armée a raté une occasion de se retirer en 1989 à l’occasion de la réforme constitutionnelle qui a autorisé le multipartisme. En truquant les élections, l’armée a empêché l’alternance électorale et a creusé un gouffre entre la population et l’Etat. Sous-estimant le caractère politique des émeutes, le régime les a gérées tantôt par la redistribution de la rente, tantôt par la répression. Le premier ministre Ahmed Ouyahya déclarait à un journal que les émeutes sont le résultat « d’une manipulation des frustrations réelles de nos jeunes par des intérêts mafieux menacés par la progression de la transparence et de la loi[11] ». Ce genre de discours montre que les dirigeants n’avaient aucune volonté d’ouvrir le jeu politique à une opposition susceptible de gagner les élections. Les dirigeants cultivent un paradoxe : ils prétendent avoir la légitimité électorale mais ils s’opposent à l’autonomie de la justice qui garantit la transparence des élections. Refusant l’alternance électorale par le bourrage des urnes, ils se sont habitué à un mécontentement social profond révélateur des contradictions de l’Etat rentier autoritaire. La révolte de Février 2019 s’explique par un paradoxe que le régime n’a pas pu cacher. D’un côté, le système du parti unique avait été aboli en 1989, et de l’autre, depuis 1989 c’est l’ancien parti unique, le FLN, qui remporte les élections. 



[1] Cf. Lakhdar Benchiba, « Alger : une capitale interdite de manifestations », Orient XXI, 15/01/2018
[2] Cf. Salima Mellah, « Crise du logement en Algérie : du bidonville au ghetto », Essafir al Arabi, 25/02/ 2016 (in Arabic)
[3] Depuis son établissement, l’ANSEJ a financé 367 980 projets pour un montant de 35 milliards DA (about 50 million dollars) permettant la création de 900 000 emplois. Selon les chiffres avancés par l’agence, 10% des projets font faillite et les dettes sont payées par l’Etat. Cf. « L’ANSEJ à l’heure des bilans », El Watan, 28/02/1017, et « ANSEJ : les dettes épongées », Liberté, 27/06/2017
[4] Cf. « Réserves de change : forte contraction en 2016 : elles ont atteint $114,1 milliards », Liberté, 30 janvier 2017. En janvier 2019, elle est de $80 milliards
[5] “Loi de Finances 2017 : ce qui attend les consommateurs », El Watan, 7 décembre 2016
[6] Cf. Smail Goumeziane, « Corporatisme, syndicalisme et mouvements sociaux en Algérie », El Watan, 29/04/2018
[7] Le langage politique algérien a inventé un nouveau mot qui apparaît à chaque élection : la chkara, c’est-à-dire la bourse pleine de billets pour être candidat. Cf. « La campagne de collecte des signatures bat son plein. Les contraintes administratives et la chkara se mettent de la partie », El Watan, 13 février 2014
[8] Cf. Sur cet incident cf. Le Soir d’Algérie qui écrit : « L’incident protocolaire survenu lors de l’ouverture du Forum africain de l’investissement, organisé la semaine dernière, aura provoqué une onde de choc ressentie aussi bien au sommet qu’au plus profond de l’Etat. Et le président du FCE, à l’origine de cet incident, devrait en faire les frais ». Ali Haddad est toujours à la tête du FCE.

[9] Le premier ministre Mouloud Hamrouche a été congédié en 1991 par le président Chadli Bendjedid sous la pression des importateurs dont l’intérêt est de transformer le marché national en débouché naturel des produits de sociétés étrangères..
[10] Issad Rabrab est à la tête d'une société (Cevital) qui emploie 3000 ouvriers et qui exporte annuellement à hauteur de 200 millions de dollars, ce qui le place au 2e rang après Sonatrach dans les exportations. Sur ce conflit, cf. « Rabrab réplique aux accusations du ministre de l’industrie : la guerre est ouverte », La Tribune des Lecteurs, 29 septembre 2015
[11] A. Ouyahya cité par Lakhdar Benchiba « Du bon usage des émeutes en Algérie », Orient XXI, 9/01/2017

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