jeudi 11 juillet 2013

Egypte : entre le compromis stérile et la régression féconde





En déposant le président M. Morsi, les chefs de l’armée égyptienne ont interrompu la transition démocratique par laquelle l’Egypte allait apprendre le multipartisme et l’alternance électorale qu’elle n’a jamais réellement connus, même si avant Nasser, il y avait un multipartisme formel sous la monarchie. Le défi de l’Egypte, et celui de tous les pays arabes après les révoltes de 2011, est d’insérer les islamistes dans la mécanique de l’alternance électorale et non de les exclure. Car les islamistes sont forts dans la protestation contre des régimes autoritaires corrompus, captant le mécontentement populaire à qui ils donnent une légitimité religieuse, mais ils le seront beaucoup moins en dirigeant le gouvernement. Condamner la corruption, dénoncer la pauvreté, appeler à la moralité publique au nom d’une utopie qui proclame que tous les croyants sont des frères est en effet autrement plus consensuel que diriger un Etat après avoir promis de résoudre le problème du chômage et d’assurer l’égalité entre les citoyens. Ces promesses ne renvoient pas seulement à la démagogie qu’use toute opposition pour accéder au pouvoir, mais sont en rapport avec les contradictions de la société qui trouvent leur prolongement d’une part dans l’idéologie politique des islamistes et d’autre part dans les attentes de la population. S’il est vrai que l’offre islamiste correspond à une demande électorale populaire, il n’en demeure pas moins que cette offre et cette demande sont marquées par des contradictions insurmontables dans le moment présent. 

Nous avons trop tendance à croire que l’islamisme est une résurgence du passé et qu’il chercherait à faire revivre la tradition médiévale. Ceci est une erreur parce que l’islamisme est lui-même le produit contradictoire de la modernité en ce qu’il permet aux masses populaires d’investir le champ politique ; mais par ailleurs, il est incapable d’institutionnaliser cette participation par la mise en place de contre-pouvoirs constitutionnels qui garantissent le caractère public de l’autorité comme l’a montré l’expérience de la présidence de Morsi. L’objectif proclamé à atteindre est certes moderne, à savoir le développement économique et social pour rattraper le retard sur l’Occident, mais il est desservi par une conception morale du politique qui le met en porte-à-faux avec la culture de l’Etat de droit. Le refus de prendre en compte la spécificité du politique et leur déni de l’anthropologie de l’homme empêchent les islamistes d’avoir une prise sur la réalité en cas d’accession au pouvoir. Les islamistes n’ont pas la capacité intellectuelle de penser la modernité politique et de diriger un Etat de droit, celui auquel aspire de façon utopique la population.
Celle-ci par ailleurs a aussi des demandes contradictoires, refusant le passage d’une foi vécue publiquement à une foi vécue de manière privée. Elle demande à l’Etat simultanément de protéger les libertés individuelles et d’appliquer la chari’a, droit médiéval qui ne sépare pas les notions de crime et de péché. Les sociétés arabes expriment des aspirations modernes qui se heurtent à une conception utopique du politique qui ne distingue pas entre la justice des hommes et celle de Dieu. L’Etat de droit est perçu comme un appareil administratif neutre, faisant l’économie de son fondement idéologique au centre duquel il y a la notion de sujet de droit. Les islamistes portent en eux cette contradiction en ce qu’ils ne s’opposent pas au suffrage universel, incluant les femmes, pourtant juridiquement mineures dans le droit civil ; mais d’un autre côté, ils refusent l’idée d’une constitution garante des équilibres des pouvoirs et protectrice des libertés individuelles et de l’égalité entre les hommes et les femmes. C’est comme s’il était possible de construire un Etat moderne sur la base d’une interprétation médiévale de la religion. L’Etat à construire est-il celui des citoyens ou celui des croyants pour reprendre une distinction faite par M. Harbi ?
Tout ceci renvoie à une phase historique chaotique marquée par des contradictions profondes qui se sont révélées publiquement avec force après la chute des régimes autoritaires. Ces derniers, par la répression, et aussi par des concessions simultanées aux aspirations utopiques des islamistes et aux désirs de modernité des classes moyennes, étaient arrivés à figer les sociétés arabes dans un compromis qui niait les contradictions idéologiques qui les minaient. Le coup d’Etat du général Abdel Fatah Al Sissi exprime une volonté de revenir à ce compromis mortel qui empêche la société d’affronter sa réalité historique et d’évoluer d’une manière ou d’une autre. Le communiqué déposant M. Morsi a considéré celui-ci comme le représentant d’une sensibilité idéologique de la société égyptienne et non comme le président élu, chef suprême des forces armées. Encouragés par les manifestations de l’autre sensibilité idéologique, les militaires ont préféré revenir au compromis qui fait des concessions aux islamistes et aux libéraux, refusant d’aller au bout de la construction d’un champ politique régulé par l’alternance électorale. Depuis l’élection de Morsi, les islamistes ont déçu une partie de leur électorat mais est-ce une raison pour opérer un Coup d’Etat ? En démocratie, il y aura toujours deux peuples opposés : celui comptant 51% et celui comptant 49%. Le compte se fait par les urnes et non lors des manifestations, fussent-elles impressionnantes.
De manière contradictoire et de façon violente, l’Etat dans les sociétés arabes se construit dans un processus où le désenchantement est en cours malgré les apparences. Le coup d’Etat du général Abdel Fattah Al Sissi a porté un coup à ce désenchantement par lequel l’Egyptien et le Tunisien sont en train d’apprendre que l’Etat n’est ni religieux, ni antireligieux ; il est areligieux. Les chefs militaires égyptiens ont refusé à leur pays de faire l’expérience de la régression féconde qui aurait désenchanté le champ politique, obéissant au même réflexe que leurs homologues algériens qui avaient annulé les élections en janvier 1992 remportées par le FIS. Depuis, l’Etat en Algérie souffre de l’autoritarisme des militaires et la société de l’intolérance des islamistes. Le coup d’Etat ne règle pas la question islamiste ; il la complique. Les militaires finissent par s’entendre avec les islamistes en leur disant : à nous l’Etat et ses richesses matérielles et à vous la société et ses espérances utopiques.



15 commentaires:

  1. Bienvenu dans ce monde virtuel pour Lahouari Addi en esperant que ce blog sera un lieu d'echange d'idees . Bonne continuation

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  2. très bonne initiative, les Algériens avons grand besoin de points de vues sous un angle sociologique.

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  3. La chute de l'article résume toute la situation, et la nouvelle forme de traitement de la problématique islamique, par ceux qui semblent avoir opté pour son exploitation, plutôt que par son éradication. Sauf qu'en mettant les islamistes aux commandes, comme en Egypte, les "décideurs" comptent bien qu'ils se casseront la gueule, avec grand fracas, pour faire passer définitivement l'envie aux populations de voter vert. Lorsque cela ne se produit pas, aussi vite et aussi gravement qu'ils l'avaient escompté, ils reviennent à leurs anciennes méthodes du putsch et de la subversion. La fable du loup et l'agneau déclinée à l'infini.

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  4. Vision très myope du devenir de la société egyptienne. Il faudra tout simplement se référer au concept de "post-islamisme" élaboré par Olivier Roy, pour réaliser à quel point l'esprit citoyen égyptien réinvente le politique. Si plus de 30 millions de citoyens n'étaient pas déterminés à opérer un changement suite à la gouvernance catastrophique, sectaire et arrogante des frères musulmans, jamais les cadres de l'armée n'aurait bougé le petit doigt. Ils se sont trouvés dans une posture très difficile parce que leurs intérêts étaient très menacés par le "bricolage" des frérots, générant également de l'indigence dans les mileux les plus pauvres. L'émergence de ce citoyen égyptien a vaincu "très vite" un pouvoir islamiste, messianique, envivré par son accès au pouvoir après plus de 80 ans d'attente, et convaincu dans sa mystique religieuse que c'est d'abord un don du ciel et non pas du citoyen. Plutôt que de plaquer le "coup d'Etat" sur ces mutations sociologiques de fond, il faut mettre de nouvelles lunettes pour saisir la leçon historique et politique donnée par les Egyptiens en venant à bout de l'incurie islamiste dans un temps record. Il serait dramatiquement naïf de penser une seconde que toutes les organisations de la société civile qui ont gagné en maturation, structuration, action citoyenne...acceptent le pouvoir des "Askar". Ces "Askar" pourront très bien sauvegarder leurs intérêts économiques en négociant avec un pouvoir parfaitement démocratique et sans interférer dans le politique. J'espère que M. Addi pourra appréhender cette complexité égyptienne en saisissant sa modernité et surtout son inventivité organisationnelle. Et l'histoire nous dira très clairement comment Oum Eddounia a décidé de s'organiser

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  5. Bonjour Anonyme,


    J'aurais voulu partager ton optimisme sur les organisations de la société civile égyptienne. Elles existent mais elles ne sont pas suffisamment fortes dans ce pays de 80 millions d'habitants. Elles sont présentes surtout au Caire et Alexandrie. Ceci dit, il y a un problème qu'il ne faut pas nier. C'est que toute société est divisée politiquement. La paix civile ne peut être obtenue que par l'alternance électorale. Aujourd'hui en France, Hollande est à 30% dans les sondages et personne ne demande sa démission, à part peut-être certains éléments du FN. On ne pourra jamais s'en sortir si après un an ou deux ans, on met un terme au mandat de ceux qui ont été élus. Ou bien il faudra inscrire dans la constitution à quelles conditions une partie de la population peut parler d'illégitimité des élus et demander la fin de leurs fonctions. Si l'alternance électorale est respectée, il y a de fortes chances que les islamistes et leur base électorale évoluent vers le réalisme politique. Dans un autre post, je pourrais expliquer ce que j'entends par réalisme politique. Je ne vois pas d'autre solution, et surtout pas celle des militaires. Ce n'est pas dans la vocation des militaires de faire de la politique. L'armée est le potentiel de violence de la nation organisée et disciplinée pour protéger la nation d'une agression étrangère. L'armée, par définition, c'est la force, la violence, l'autoritarisme, etc. et ceci dans tous les pays du monde. Clémenceau disait: on peut tout faire avec une baïonnette, sauf s'asseoir dessus. Or la politique, ce n'est pas la baïonnette, c'est le consensus, c'est la recherche de la paix civile, c'est les élections.

    Je ne réponds pas au post de Djamel Benchennouf parce que je partage totalement ce qu'il a écrit.

    Cordialement

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  6. En édictant vingt-une “Règles pour la direction de l’esprit”, René Descartes voulut booster et promouvoir sa société, élever sa conscience, la préserver du mysticisme et la doter de l’esprit critique.

    Plus tard dans son livre “Discours de la méthode” publié en 1637, il marqua la rupture déterminante avec la tradition « scholastique » de son époque.

    Décortiquant et analysant profondément le mode de pensée de ses contemporains, Descartes induisit des bouleversements profond dans la représentation de la religion et sa place dans la société et ses institutions.

    Remettant en cause les méthodes de pensées de son temps qui s’efforçaient de concilier la morale religieuse et la raison, son plaidoyer pour une nouvelle façon de réfléchir et de penser déclencha la révolutuin mentale qui servira de socle a l’essor scientifique qui propulsera l’occident vers sa suprématie.

    Ces documents ont été rédigés directement en français, langue vulgaire, “une Darija” inférieure et méprisable, comme diront les penseurs islamistes et non islamistes qui dominent les débats dans nos sociétés, car Descartes les voulut à la portée de tous et voulut par là s’opposer à la tradition en vigueur (qui instituait et imposait l’écriture en latin) il chercha ainsi à s’adresser à un public plus large au-delà des “Oulamas”, des lettrés et des théologiens de son temps. Il disait qu’il souhaitait « être compris des femmes et des enfants ».

    Son oeuvre par son immensité, sa splendeur et sa beauté constitue une réalisation majeure de l’esprit humain.

    Tandis que l’influence du génie Descartien conduisit la pensée occidentale à promouvoir la raison pour résoudre tous les problèmes humains sans exception, le dogmatisme islamiste réduit son champ d’application et l’astreint à la validation et la mise en contexte temporels des textes révélés.

    Cher Addi, je regrette de te le dire brutalement mais ta théorie de la régression féconde est une
    totale ineptie car j'ai envie de dire ce n'est pas une cure
    de vingt année supplémentaire
    d’islamisme qui sortira ces sociétés musulmanes de leur torpeur, mais la mise à plat complète de leur mode de pensée.

    Au risque de déplaire, et peut-être de pas être publié,
    j’affirme que les islamistes de quelque obédience qu’il soit ne sont et ne feront jamais partie de la solution aux problèmes qui occupent notre société.

    Kaci-la-merveille

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  7. M. Addi vous persistez dans vos schémas, désolé, poussiéreux. La société civile égyptienne REINVENTE LE POLITIQUE: il faut savoir comment Tamarrod a su convaincre les paysans les plus égarés dans leur misère et leur ignorance, de de pas subir cette incurie islamiste évidente, criante. Vous vous obstinez à ne pas constater la particularité de ces mutations qui se produisent à une vitesse astronomique. Le 30% de Hollande et le fait que les gens ne demandent pas sa démission. Quel rapport avec l'ébulition égyptienne et cette terrible soif d'évoluer et de liberté ? La gouvernance de Hollande est-elle comparable aux apprentis-sorciers, à la secte des frérots ? Ayez au moins la lucidité de prendre en considération un fait: les manifestants pro-Morsi qui s'acharnent dans certains lieux et surtout à Rabia Al Adawiyya et qui "admirent" les attaques meurtrières dans le Sinai. Est-ce qu'un pouvoir issu d'un COUP D'ETAT les aurait toléré plus d'un jour ?? Alors que fatalement, ce pouvoir sait qu'ils sont minorisés et minoritaires, désavoués par la majorité écrasante de la société civile. Voilà des axes, des pistes qui vous permettront de réviser totalement votre outillage d'analyse et infléchir vraiment l'importance démesurée que vous accordez à votre concept de "régression féconde"....

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    1. Bonjour Printemps continu,


      Etes-vous sérieux quand vous dites que la société civile égyptienne (de laquelle vous excluez tous ceux qui ne pensent pas comme vous) REINVENTE LE POLITIQUE? Est-ce en voulant revenir à l'autoritarisme de l'ancien régime? Je comprends que vous ne soyez pas d'accord avec les Frères Musulmans - et c'est votre droit - mais les Egyptiens sont 80 millions de personnes qui ont des opinions politiques différentes et divergentes. La seule façon de coexister pacifiquement est la règle de l'alternance électorale. Dans quatre ans, les FM allaient perdre le pouvoir par les urnes. En les écartant pas la force, le coup d'Etat leur a donné une nouvelle crédibilité politique. Le grand perdant dans cette affaire, c'est la démocratie. Au fond, le coup d'Etat a prolongé l'espérance de vie politique des islamistes. Je me demande si, devant la complexité de la situation et leur incapacité à diriger l'Etat, les islamistes ne souhaitaient pas un coup d'Etat pour regagner la virginité politique qu'ils étaient en train de perdre.

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    2. Effectivement, les islamistes qui étaient dans une logique descendante se voyait "sauver" par les militaires. Oui Monsieur Addi, ils étaient entrain de perdre politiquement, socialement et plus tard électoralement. Ces "méchants" militaires ont par cet acte prolongé leur "vie". J'ai toujours dis que "le peuple ne sait pas voter" mais il a une mémoire ! S'il n'est pas satisfait, il changera son vote vers un autre. Et, je suppose que c'est cela l'alternance...

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  8. Durant des décennies les islamnistes de tous bords et notamment les frères musulmans promettaient la "solution par l'Islam". Rendez-vous tout simplement compte que la majorité des Egyptiens, au bout d'une année, en ont eu marre et ont décidé de leur illégitimité sans attendre les 4 ans. Vous vous figez dans le schéma "4 ans de présidence" comme si l'Egypte était la France ou la Hollande. L'ébulition sociale dans toute son hétérogénéité a engendre ce fait. C'est cela d'abord cette réinvetion: ne pas rester les bras croisés 4 ans pendant que les frérots avec l'aide du Qatar et tous les "gestionnaires du sacré" (merci M. Weber) en observant la destruction des institutions, la faillite économique, l'étouffement des libertés, des minorités...C'est invraisemblable comme vous demeurez dans une vision "européocentriste" réductrice. Vous plaquez votre "coup d'Etat" et votre proposition analytique demeure au degré zéro de la valeur heuristique. Et c'est un mépris insupportable pour ces dizaines de millions d'egyptiens qui ont décidé de se libérer des frérots et que vous semblez considérer comme sous la "férule" des généraux. Comme si ces citoyens étaient des sujets fascinés par le pouvoir militaire...C'est vraiment n'importe quoi. Si vous daigniez écouter les représentants de Tamarrod et les analyses qu'ils nous balancent sur les militaires, l'avenir de l'Egypte, leur détermination à avoir une EMPRISE SUR LE DEVENIR MODERNE ET CREATEUR de cette société, vous aurez très vite fait d'oublier le coup d'Etat. Mais qu'à cela ne tienne...Nous verrons dans les mois et années à venir ce que nous réserve OUM EDDOUNIA cette société de plus de 80 millions d'habitants que de nombreux "observateurs" réduisent tantôt aux islamistes omnipotents et éternels (que n'a-t-on pas dit sur la fatalité des frérots au pouvoir en Egytpe...) et tantôt à "Houkm el askar". Je comprends très bien le traumatisme que le coup d'Etat en Algérie de 1992 peut produire. Parce que c'en était parfaitement un et sans AUCUN SOUTIEN POPULAIRE ainsi que l'instrumentalisation par les services secrtes (qui tue qui...AQMI). Mais de là à le plaquer sur les mutations en cours en Egypte c'est absolument "aporétique". Qui vivra verra...

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  9. Ok pour dénoncer le coup de force de l'armée mais franchement vous croyez vraiment que grâce à Morsi et aux frères musulmans "l’Egypte allait apprendre le multipartisme et l’alternance électorale" ?!
    Je suis plus que dubitatif....

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  10. Bonjour Lahouari Addi,bonjour tout le monde,

    Un coup d’État militaire,reste un acte violent qui reflète la faillite d'une société . Dans le cas de l'Algérie et del’Égypte,cette faillite se situe à mon sens à deux niveaux :

    - L'absence d'un bilan sérieux et transparent concernant les périodes de gouvernance des "ZAIM" Boumediéne et Nasser. Ces deux personnalités,ont accédé au pouvoir suite à des coups d’État . Le populisme qui a caractérisé leurs règnes,le vide politique qu'ils ont créé dans le cadre de leurs régimes autoritaires,la non condamnation de leurs pratiques par ceux qui leur ont succédé,l'absence d'une véritable culture politique aussi bien en Algérie qu'en Égypte et la prédisposition de nos populations à tout ce qui est radical,ont fait de ces deux personnalités des mythes,d'où cette culture du coup d’État militaire, alors que les bilans de Boumediéne et de Nasser,restent des plus contestés.

    - L'absence d'une mise à jour de la pensée islamique .
    Et là,je vous pose une question en votre qualité de sociologue. Ne penser vous pas qu'on devrait mettre fin à la main mise des Oulamas(spécialistes en théologie)sur la pensée islamique ? Ne pensez vous pas que la pensée islamique est en souffrance et qu'elle a besoin de la rigueur méthodologique qui caractérise les sciences sociales ?

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  11. On aurait voulu que le peuple égyptien et ses dirigeants ne fassent pas les mêmes erreurs politiques. On peut rejeter l’islamisme politique mais pas au détriment de la liberté des peuples. On peut sanctionner un président de la république élu, par une majorité même minime, mais pas au détriment d’un militaire hier sanguinaire et aujourd’hui comme par enchantement devient un "héros", un sauveur. Les militaires ont fait une erreur monumentale en procédant de cette manière. Le président Morsi était déjà dans une logique descendante, il n’avait plus cette ardeur de messie. L’interruption de la transition démocratique et l’alternance électorale que le pays n’a jamais, nous laissent encore dans notre soif de connaitre le vrai visage de ces « messies » et de les voir dépérir au contact de l’exercice du pouvoir. Comment les islamistes peuvent –ils appliquer la charia dans un pays millénaire comme l’Egypte où entre un cabaret et un cabaret, on trouve un cabaret !!! Ils savent qu’ils ne pourront pas. A défaut de prendre le risque d’une dictature islamiste, ce pays risque de prendre un chemin caillouteux et miné d’un long tunnel sombre et sanglant ….

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  12. La plus lourde erreur de cette approche adoptant le postulat "militaire" consiste à se référer à ce vocable de manière transversale. Les "militaires" comme si l'armée egyptienne et l'armée algérienne étaient "identiques". El Askar, les képis, l'autoritarisme. Le principe le plus élémentaire d'une approche sociologique et de mener, pour le moins, une petite approche comparative entre deux systèmes militaires très différents. L'armée egyptienne s'est constituée depuis 1954 et structurée avec des avantages économiques et sociaux, formée techniquement...l'armée algérienne avec ses pseudo-généraux ventrus, professionnels de la beuverie, ivres de spiritueux et de rente surréaliste, est un ramassis de voyous dont le tableau des meurtres depuis 1962 est très nourri. Il va de soi que l'analyse impose de la saisir dans son hétérogénéité et que des cadres de cette armée sont formés, honnêtes, vrais patriotes et que leur heure viendra...Voilà des "prolégomènes" pour une approche sérieuse des ces armées sur les plans organisationnel, fonctionnel, social...en rupture avec la débilité du "coup d'Etat militaire universel" en rendant fongibles Pinochet, Nezzar, Sissi...

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  13. Le sociologue est-il obligé de faire le détour par Ibn hinbal ou abu hureira pour appréhender les dynamiques sociales et politiques à l'oeuvre dans nos sociétés?? (samir bellal)

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